COP30 à Belém : entre urgence climatique et espoirs amazoniens, une conférence sous haute tension
Green Hub
11/7/20254 min temps de lecture


COP30 à Belém : entre urgence climatique et espoirs amazoniens, une conférence sous haute tension
Du 10 au 21 novembre 2025, Belém, au nord du Brésil, accueillera la COP30, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques. Dix ans après l’Accord de Paris, cette édition symbolique se tient dans un contexte où l’urgence n’a jamais été aussi palpable, mais où les signes d’un sursaut commencent aussi à se dessiner.
Située à l’embouchure de l’Amazone, Belém incarne à elle seule les contradictions et les promesses du monde actuel : une biodiversité unique, des pressions économiques intenses, mais aussi un terrain fertile pour réinventer la relation entre développement, nature et justice sociale. Le Brésil, pays hôte, veut faire de cette COP celle de la “reconnexion avec la nature”, mais aussi celle du renouveau du multilatéralisme climatique.
Une COP anniversaire, entre fatigue et relance
Dix ans après Paris, le bilan global reste contrasté. Les émissions mondiales continuent d’augmenter et la température moyenne dépasse désormais +1,4 °C. Pourtant, la dynamique internationale n’est pas éteinte : de plus en plus d’États, d’entreprises et de villes révisent leurs plans d’action.
Mais l’élan politique vacille. Seuls 60 pays, couvrant environ 63 % des émissions mondiales, ont transmis leurs nouvelles contributions pour 2035 (CDN). Et, à la veille du sommet, l’Union européenne a évité de justesse un revers diplomatique en adoptant in extremis son objectif de –90 % d’émissions d’ici 2040.
Cet accord, fruit de négociations âpres à Bruxelles, illustre la difficulté du moment : maintenir l’ambition tout en préservant la compétitivité. Il a été affaibli par plusieurs concessions — notamment la possibilité pour l’Europe d’atteindre une partie de ses objectifs via des crédits carbone internationaux. Mais il rappelle aussi que le leadership climatique reste vivant, même fragilisé, sur un continent qui continue d’afficher les engagements les plus élevés au monde.
Belém : le symbole d’un tournant possible
Le choix du Brésil n’est pas seulement géographique, il est politique. Sous l’impulsion du président Luiz Inácio Lula da Silva, la présidence brésilienne entend remettre les forêts, la résilience et l’équité au cœur du débat. Dans un pays où les tensions entre croissance économique, exploitation des ressources et protection des écosystèmes sont permanentes, la COP30 sera aussi un test de cohérence nationale.
C’est dans ce contexte qu’est né le projet phare du sommet : le Tropical Forests Forever Facility (TFFF), un fonds international estimé à 125 milliards de dollars destiné à récompenser les pays qui préservent leurs forêts tropicales. Plutôt que de financer la réparation, il s’agit ici de valoriser la prévention. L’idée séduit : transformer la protection du vivant en modèle économique vertueux, en garantissant un revenu durable pour les États forestiers.
Les critiques existent — risque de financiarisation, manque de clarté sur la gouvernance ou sur le rôle des communautés locales — mais cette approche marque une inflexion importante : reconnaître la valeur économique du capital naturel et créer des incitations réelles à sa préservation.
Des défis politiques persistants
Cette COP ne se déroulera toutefois pas dans un climat d’unité totale. Ni les États-Unis de Donald Trump, en passe de se retirer à nouveau de l’Accord de Paris, ni la Chine de Xi Jinping ne seront représentés au plus haut niveau. Ces absences pèsent lourd sur les équilibres diplomatiques et nourrissent le sentiment d’une gouvernance climatique fragmentée.
Mais le Brésil veut miser sur une approche plus pragmatique et inclusive, centrée sur des thématiques concrètes :
Transition énergétique : comment accélérer la sortie des énergies fossiles sans raviver les divisions ? Le sommet mettra l’accent sur la croissance des renouvelables, l’efficacité énergétique et la transformation sectorielle.
Justice climatique et “just transition” : une transition équitable, créatrice d’emplois verts et protectrice des plus vulnérables, sera au centre des discussions.
Adaptation et résilience : avec la montée des catastrophes naturelles, l’adaptation redevient un pilier majeur des négociations, notamment pour les pays du Sud.
Santé et développement humain : le Brésil présentera un Plan d’action santé-climat de Belém, pour renforcer la résilience des systèmes de santé face aux impacts du réchauffement.
Technologies et finance verte : la conférence devrait aussi mettre en avant l’innovation — numérique, bioéconomie, infrastructures durables — comme leviers concrets de transformation.
Cette orientation “solutions” vise à redonner à la COP une pertinence concrète, en reconnectant la politique climatique à la vie quotidienne, à l’économie réelle et aux besoins humains.
Entre réalisme et espoir
La COP30 s’annonce comme un moment de vérité, mais aussi de reconstruction de la confiance. Les fissures sont là — désengagement américain, divisions européennes, lenteur des financements — mais des signaux positifs émergent. Les pays du Sud gagnent en voix et en visibilité. Les entreprises, contraintes de plus en plus par la réglementation et la pression sociétale, innovent et coopèrent. Et la société civile, des peuples autochtones aux jeunes militants, impose de nouvelles priorités dans le débat mondial.
Belém ne réglera pas tout. Mais elle peut réaffirmer que le multilatéralisme climatique n’est pas mort, qu’il évolue — parfois dans la douleur — vers des solutions plus inclusives, plus ancrées dans le réel.
Dix ans après Paris, le monde a changé. La question n’est plus de savoir si le climat se réchauffe, mais comment nous allons y répondre ensemble. La COP30 n’a pas seulement à livrer des objectifs : elle doit réconcilier ambition et faisabilité, idéalisme et mise en œuvre.
À Belém, sur les rives de l’Amazone, il ne s’agira pas de sauver un texte, mais de raviver une volonté collective. Et si l’histoire des COP nous a appris une chose, c’est que les grandes avancées commencent souvent dans les moments de doute. Cette conférence pourrait bien être l’une d’elles.


