Du pétrole au carbone : l’extraordinaire métamorphose du champ de Nini

Green Hub

11/27/20253 min temps de lecture

an oil rig in the middle of the ocean
an oil rig in the middle of the ocean

Un ancien champ pétrolier de la mer du Nord s’apprête à vivre une seconde vie. Le site de Nini, autrefois dédié à l’extraction d’hydrocarbures, deviendra l’un des tout premiers centres offshore européens de stockage permanent du CO₂. Porté par INEOS Energy dans le cadre du projet Greensand Future, c’est un exemple concret d’infrastructures fossiles réinventées pour servir la transition énergétique. Au lieu d’être abandonnés, ces sites deviennent des leviers majeurs de décarbonation.

Quand la technologie réinvente l’existant

Le principe repose sur une technologie aujourd’hui éprouvée : le CO₂ capté auprès d’industries européennes est liquéfié, transporté en mer du Nord puis injecté à 1 800 mètres sous le fond marin, dans les anciens réservoirs pétroliers désormais épuisés. Les couches géologiques de grès poreux, recouvertes d’une roche imperméable, assurent un confinement naturel. Des systèmes de monitoring avancés surveillent en continu la pression et l’intégrité du stockage. La réutilisation des infrastructures existantes réduit notablement les coûts et accélère la mise en service.

Lors de sa première phase, Greensand devrait stocker environ 360 000 tonnes de CO₂ par an. Mais l’ambition est bien plus large : dépasser les sept millions de tonnes annuelles d’ici 2030. À cette échelle, le projet deviendrait l’une des pierres angulaires du stockage géologique en Europe – un domaine encore émergent, mais essentiel pour atteindre nos objectifs climatiques.

Greensand au cœur de la stratégie climat de l’UE

Ce projet arrive à un moment clé. L’Union européenne vise la neutralité carbone en 2050 et estime qu’il faudra développer 50 millions de tonnes de capacité de stockage par an dès 2030. Greensand contribue directement à cette trajectoire, notamment pour les secteurs qui ne peuvent pas encore se décarboner complètement. L’Europe commence ainsi à combler son retard par rapport à la Norvège (Northern Lights) ou aux États-Unis, qui déploient déjà des infrastructures massives de captage et stockage du carbone. Un signe que le CCS est en train de devenir un pilier de la stratégie climatique mondiale.

Au-delà des enjeux environnementaux, la dimension économique est déterminante. La reconversion du champ de Nini participe à l’émergence d’une véritable filière industrielle autour du CO₂ : capture, logistique, transport maritime dédié, ingénierie offshore, monitoring… Autant de métiers qui mobilisent des compétences techniques pointues et renforcent la compétitivité européenne. Cette dynamique ouvre de nouvelles opportunités, notamment pour les ports et les zones industrielles impliquées dans la chaîne de valeur.

Une solution prometteuse, mais pas sans débat

Bien sûr, cette solution ne fait pas l’unanimité. Le stockage du carbone ne saurait remplacer la réduction des émissions à la source. Les investissements restent lourds et les volumes encore limités à l’échelle des émissions globales. Certains y voient un risque d’alibi climatique. Mais pour les secteurs difficiles à électrifier ou à verdir, le CCS demeure l’un des rares leviers disponibles à grande échelle pour traiter les émissions résiduelles.

La transformation du champ de Nini illustre surtout notre capacité collective à repenser l’existant pour répondre aux défis climatiques. Elle prouve qu’innovation, réemploi d’infrastructures et vision long terme peuvent converger vers des solutions durables et réalistes.

Notre conviction : innover pour un avenir décarboné

En tant qu’entreprise engagée dans la transition énergétique, nous suivons attentivement ces évolutions. Elles confirment une conviction forte : la décarbonation nécessite autant d’innovation que d’audace, et autant de transformations techniques que de coopération entre acteurs. C’est en combinant ces dimensions que nous pourrons bâtir une économie résiliente, compétitive et alignée avec les impératifs climatiques.